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Le bourdonnement s’intensifia. Les feuilles tremblèrent et un énorme bourdon aux ailes violettes descendit majestueusement. Ce n’était pas un bourdon ordinaire : elle portait une couronne faite de petites épines et un manteau de pollen doré. Ses yeux brillaient d’une lueur violette inquiétante.
« Alors, Capitaine Mandibule, » dit-elle d’une voix mielleuse mais glaciale, « tes Scarabées s’entraînent-ils pour le grand tournoi ? Ou ont-ils déjà accepté leur défaite ? »
Baptiste n’avait jamais vu un insecte aussi impressionnant et intimidant. Le Capitaine Mandibule semblait rapetisser devant elle.
« Dame Hésita, » murmura le scarabée, « nous serons prêts. »
Le grand bourdon éclata de rire. « Prêts à perdre, peut-être ! Mes Bourdonnements sont imbattables, et vous le savez tous. »
Elle se tourna vers Baptiste et Franck, les examinant avec curiosité. « Et qui sont ces petits humains ? De nouvelles recrues pour ton équipe désespérée ? »
Avant que le Capitaine puisse répondre, Baptiste fit un pas en avant, bien que ses jambes tremblaient un peu.
« Je m’appelle Baptiste et voici mon ami Franck. Nous venons de découvrir votre monde. »
Dame Hésita vola en cercles autour des garçons, les scrutant attentivement. « Des humains… intéressant. Et toi, petit aux lunettes rondes, sais-tu jouer au football ? »
Baptiste sentit son estomac se nouer. À l’école, il avait toujours évité de jouer au football avec les autres enfants. Il avait peur de rater la balle, de faire perdre son équipe, d’entendre les moqueries.
« Je… je ne suis pas très bon, » admit-il en baissant les yeux.
« Comme c’est dommage, » ronronna Dame Hésita. « Tu ressembles pourtant à quelqu’un qui pourrait être doué… si seulement tu n’avais pas si peur d’essayer. »
Baptiste releva la tête, surpris. Comment pouvait-elle savoir ?
« Oui, je vois la peur dans tes yeux, » continua le bourdon. « C’est la même que je vois chez tous les Scarabées Brillants maintenant. La peur de l’échec, la peur de décevoir. C’est ma spécialité, vois-tu ? Je la nourris, je la fais grandir. »
Elle se tourna vers un terrain de football miniature où quelques scarabées s’entraînaient mollement. D’un geste de ses ailes, elle envoya une poudre violette qui flotta jusqu’à eux. Immédiatement, les scarabées commencèrent à hésiter, à rater leurs passes, à se disputer.
« Voilà ! » s’exclama Dame Hésita avec satisfaction. « Encore un peu de ma poudre d’hésitation, et ils n’oseront même plus sortir sur le terrain ! »
Elle se tourna de nouveau vers Baptiste. « Tu me plais, petit humain. Tu portes déjà ma poudre en toi, sans même que j’aie eu à te la donner. Si tu veux, tu peux rejoindre mon équipe. Nous n’avons jamais perdu, tu sais ? »
Baptiste était tenté. Rejoindre l’équipe qui gagnait toujours… ne jamais connaître la défaite…
Mais Franck intervint : « Baptizte n’est pas comme ça ! Il est courazeux ! »
Dame Hésita éclata de rire. « Vraiment ? Alors prouve-le ! Je vous défie, toi et ton ami, de jouer pour les Scarabées Brillants lors du grand tournoi. Si vous gagnez, je quitterai le jardin pour toujours. Mais si vous perdez… vous resterez ici éternellement, prisonniers de vos propres hésitations ! »
Sur ces mots, elle s’envola dans un tourbillon de poudre violette, laissant Baptiste et Franck figés de stupeur.
« Qu’est-ce qu’on va faire ? » murmura Baptiste, sentant la panique monter en lui. « Je ne sais pas jouer au football ! On va perdre, c’est sûr ! »
Le Capitaine Mandibule posa une patte réconfortante sur l’épaule de Baptiste. « Ne t’inquiète pas. Je connais quelqu’un qui pourra nous aider. Suivez-moi ! »
Mais alors qu’ils commençaient à suivre le scarabée, Baptiste ne pouvait s’empêcher de penser qu’ils venaient de s’engager dans un match qu’ils ne pouvaient pas gagner.
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