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Dans les profondeurs bleutées des Mers Mouvantes, là où les courants transportaient les maisons et les rêves d’un royaume à l’autre, vivait une petite exploratrice nommée Léane. Avec ses longs cheveux blonds qui ondulaient comme les vagues légères et ses joues parsemées de taches de rousseur pareilles à des grains de sable doré, Léane n’était pas une exploratrice ordinaire.
Ce matin-là, Léane regardait par le hublot de sa chambre-coquillage. Sa maison-sous-marine flottait doucement, tirée par d’énormes tortues de mer vers un nouveau royaume qu’elle ne connaissait pas. C’était la troisième fois que les courants les emportaient ailleurs depuis que la lune avait fait douze tours complets.
« Léane, viens m’aider à ranger tes livres sur les dauphins ! » appela sa mère, Julie, la Gardienne du Phare.
La Gardienne avait des cheveux roux flamboyants qui semblaient contenir tous les rayons du soleil qui parvenaient à traverser la surface de l’eau. Même si ses yeux portaient les marques de la fatigue, elle gardait toujours allumée la lumière du phare familial qui guidait les navires égarés.
« Mais Maman, je veux regarder les derniers récifs. Je ne reverrai jamais mes amis poissons-clowns, » murmura Léane, sa voix aussi douce que le bruissement des algues.
La Gardienne s’approcha et posa une main tendre sur l’épaule de sa fille. « Je sais que c’est difficile, ma petite étoile de mer. Ton père, le Capitaine Voyageur, a été appelé pour explorer des mers lointaines. Et nous devons suivre les courants qui nous mènent près de ses routes. »
Dans son petit berceau fait d’une coquille Saint-Jacques, Pierre, le Petit Poisson, émit un gazouillis suivi de pleurs. Ses joues roses gonflèrent comme celles d’un poisson-globe.
« Oh, le Petit Poisson a encore faim, » soupira la Gardienne. « Peux-tu surveiller nos affaires pendant que je m’occupe de lui? Ton père nous rejoindra dans quelques jours, quand son navire pourra s’amarrer près de notre nouveau récif. »
Léane hocha la tête, bien qu’une sensation étrange commençât à l’envahir. C’était comme si l’eau autour d’elle devenait plus froide, plus épaisse. Elle se retourna vers le hublot et, pendant un instant, crut voir une ombre glisser entre les coraux – une forme indistincte, vaporeuse, qui semblait l’observer.
Quand leur maison-sous-marine s’immobilisa enfin, Léane découvrit leur nouveau royaume : Récif-Nouveau. Les bâtiments étaient faits de coraux aux formes étranges qu’elle n’avait jamais vues auparavant. Les habitants nageaient d’un air affairé, sans même remarquer l’arrivée de la maison-sous-marine.
« Demain, tu iras à la nouvelle école des poissons, » expliqua la Gardienne en berçant le Petit Poisson. « Et je suis sûre que tu te feras de nombreux amis. »
Mais cette nuit-là, alors que Léane s’apprêtait à dormir dans sa nouvelle chambre-coquillage, elle sentit à nouveau cette présence froide. Et cette fois, elle l’entendit chuchoter :
« Ils ne te remarqueront même pas… Tu es trop timide… Trop nouvelle… Personne ne s’intéresse à la petite fille qui vient d’ailleurs… »
Léane se redressa d’un bond, son cœur battant comme les nageoires d’un poisson poursuivi par un requin. Dans le coin le plus sombre de sa chambre, se tenait une forme brumeuse aux contours flous, avec deux yeux qui semblaient refléter sa propre peur.
« Qui… qui es-tu ? » balbutia Léane.
La silhouette ondula, s’étirant comme l’encre d’une seiche dans l’eau claire. « Je suis l’Ombre de la Solitude. Je connais bien les enfants comme toi, qui dérivent de royaume en royaume, jamais assez longtemps pour appartenir véritablement à un endroit. »
L’Ombre s’approcha, sa voix un murmure aussi doux que trompeur. « Je serai ton unique compagne constante, Léane. Car qui d’autre resterait avec une exploratrice qui ne cesse de partir ? »
Cette nuit-là, Léane serra contre elle son livre préféré sur les dauphins, espérant que les créatures joyeuses aux sourires permanents éloigneraient l’Ombre. Mais même dans ses rêves, elle sentait la présence froide qui attendait dans les ténèbres, prête à l’envelopper dès son réveil.
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L’aventure continue !
Identifiant de l’histoire : 40