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Assise sur un nuage doux, Élina ouvrit le petit carnet que lui avait donné la Gardienne des Histoires. Les pages étaient blanches et semblaient attendre ses dessins.
« Par où dois-je commencer ? » demanda-t-elle, tenant les crayons magiques qui scintillaient comme des étoiles.
« Commence par l’image de la joie », répondit la Gardienne. « Dessine un moment où tu étais heureuse avec Pauline. »
Élina ferma les yeux et se souvint d’un jour où Pauline avait apporté un grand livre d’animaux à la crèche. Elles s’étaient assises ensemble, et Pauline lui avait montré les images de pandas, les préférés d’Élina. Elles avaient ri quand Pauline avait imité le panda qui mâchait du bambou.
Avec le crayon bleu brillant, Élina commença à dessiner. Même si elle n’avait que trois ans et que son dessin était simple, quelque chose de magique se produisit. Dès que son crayon toucha le papier, les lignes s’illuminèrent et le dessin prit vie, devenant une image claire et colorée d’elle et Pauline regardant un livre ensemble, entourées de petites étoiles de joie.
Le Monstre de l’Adieu grogna et s’éloigna un peu plus, comme si la lumière du dessin le blessait.
« Très bien, Élina ! » encouragea la Gardienne. « Maintenant, l’image du courage. »
Élina réfléchit. Qu’est-ce que le courage pour une petite fille de trois ans ? Elle se rappela le jour où elle avait eu peur de la grande toboggan à la crèche. Pauline lui avait tenu la main et lui avait dit : « Je sais que tu peux le faire, Élina. Je suis là avec toi. » Et Élina avait glissé, sentant la peur se transformer en excitation joyeuse.
Avec le crayon rouge, elle dessina ce moment. À nouveau, le dessin s’anima, montrant Élina descendant courageusement le toboggan avec Pauline qui l’encourageait en bas.
Le Monstre de l’Adieu devint encore plus petit, sa brume grise s’éclaircissant par endroits.
« Une dernière image, Élina », dit doucement la Gardienne. « L’image de l’amour. »
Cette fois, Élina n’eut pas besoin de réfléchir longtemps. Elle dessina Pauline lui faisant un câlin, comme elle le faisait souvent avant sa sieste à la crèche. Avec le crayon rose, elle ajouta des petits cœurs tout autour d’elles.
Quand ce dernier dessin s’illumina, quelque chose d’extraordinaire se produisit. Les trois images s’élevèrent du carnet et commencèrent à tournoyer autour d’Élina, formant un cercle de lumière colorée.
« Tu as réussi, Élina ! » s’exclama la Gardienne des Histoires. « Tu as créé un chemin vers le château du Monstre de l’Adieu ! »
En effet, un pont arc-en-ciel s’était formé, reliant l’endroit où elles se trouvaient au château de nuages gris.
Élina se leva, serrant son carnet contre elle. Elle était prête à traverser le pont, mais le Monstre de l’Adieu, bien que plus petit, flotta devant elle pour bloquer son chemin.
« Tu ne peux pas entrer dans mon château ! » cria-t-il, mais sa voix était moins effrayante qu’avant. « Les adieux font trop mal ! »
Élina le regarda droit dans ses grands yeux tristes. Pour la première fois, elle ne le trouvait plus si effrayant. Il semblait… triste et seul.
« Je n’ai pas peur de toi », dit-elle d’une petite voix mais ferme. « Je veux voir Pauline, et je veux comprendre pourquoi elle est partie. »
Le Monstre hésita, puis s’écarta légèrement. « Une dernière épreuve t’attend dans mon château. Si tu réussis, tu pourras voir ta Pauline. Mais si tu échoues, tu resteras pour toujours au Pays des Adieux Perdus. »
Élina regarda la Gardienne des Histoires, qui lui fit un signe d’encouragement. Puis, serrant son carnet magique et son doudou, elle posa un pied sur le pont arc-en-ciel et commença à avancer vers le mystérieux château de nuages.
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L’aventure continue !
Identifiant de l’histoire : 37