• Enfant-héros : Tom
  • Âge : 8 ans
  • Personnalité : curieux, créatif, malin, rêveur, autonome, studieux, spontané, sociable, têtu
  • Passions : Il adore les dinosaures et la paléontologie
  • Autres personnages : Son ami (Etienne), sa voisine (Élisa) et son toucan (Touki).
  • Thème : Autonomie
  • Problématique : Questionnements sur la justice et l’environnement
  • Détails : Tom a du mal à accepter le fait que la société humaine détruise la planète à ce point, il en est très sensible et en pleurs souvent. Il faut de l’eco-anxiete.
  • Style d’histoire : Aventuriers
  • Identifiant de l’histoire : 35
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Un épais brouillard enveloppe le Marais Primordial alors que Tom, Élisa et Étienne progressent précautionneusement sur d’étroites bandes de terre ferme. L’air est lourd d’humidité et de l’odeur riche de la végétation en décomposition. Autour d’eux, des formes anciennes de vie amphibienne se glissent dans les eaux boueuses.

« C’est ici que la vie est sortie de l’eau pour la première fois, » murmure Tom avec révérence, ajustant ses lunettes embuées. « Le berceau des vertébrés terrestres. »

Touki est particulièrement nerveux, se perchant alternativement sur l’épaule d’Élisa et sur des branches basses, comme s’il sentait une présence inquiétante.

« Comment allons-nous trouver le Fragment dans toute cette étendue marécageuse ? » demande Étienne, évitant de justesse un trou d’eau dissimulé sous une couche de végétation flottante.

Tom sort les deux Fragments déjà en leur possession. Ils émettent une lueur plus vive dans une direction particulière.

« Je crois qu’ils nous guident, » dit-il, suivant l’intensité de la lumière comme une boussole surnaturelle.

Ils avancent pendant près d’une heure, s’enfonçant toujours plus profondément dans le marais. Les arbres deviennent plus tordus, plus anciens, leurs racines s’entremêlant pour former des ponts naturels au-dessus des zones inondées.

Soudain, Touki émet un cri d’alarme et s’envole, disparaissant dans le brouillard.

« Touki, reviens ! » appelle Élisa, inquiète.

Un silence oppressant tombe sur le marais. Même les créatures aquatiques semblent s’être tues. Puis, une vibration sourde fait trembler le sol sous leurs pieds.

« Quelque chose approche, » murmure Étienne, scrutant le brouillard.

Une forme massive se dessine lentement : une machine amphibie avance vers eux, ses chenilles métalliques écrasant impitoyablement la végétation fragile. Sur son toit, une silhouette familière se tient droite et imposante.

« Le Baron, » souffle Tom.

Le véhicule s’immobilise à quelques mètres d’eux. Le Baron Fumée descend avec une élégance mécanique, ses bottes s’enfonçant légèrement dans le sol spongieux.

« Nous devons arrêter de nous rencontrer ainsi, Tom, » dit-il avec un sourire froid. « C’est presque comme si tu suivais mes traces. »

Tom serre les Fragments contre lui, sentant leur chaleur rassurante.

« Ou peut-être que c’est vous qui suivez les miennes, » rétorque-t-il.

Le Baron rit, un son métallique dépourvu de joie véritable.

« Perspective intéressante. Mais il est temps de mettre fin à cette chasse au trésor. Mes détecteurs indiquent que le troisième Fragment se trouve à moins d’un kilomètre d’ici. »

Il tend une main gantée.

« Donne-moi ceux que tu possèdes déjà, et je te promets que tes amis et toi pourrez rentrer chez vous sains et saufs. »

Tom secoue la tête.

« Vous ne comprenez pas ce que ces Fragments représentent. Ils ne sont pas destinés à être utilisés comme une source d’énergie ou une technologie à exploiter. Ils représentent l’équilibre. »

Le Baron soupire, un jet de vapeur s’échappant de ses lèvres.

« L’équilibre est un concept statique, Tom. La vie est dynamique, en constante évolution. Mon approche est simplement… plus efficace. »

Il fait un geste vers le marais environnant.

« Regarde autour de toi. Ce marais bourbeux, plein de prédateurs et de maladies. Je pourrais le transformer en une zone productive, utile. »

« Utile pour qui ? » demande Élisa, trouvant le courage d’intervenir. « Pas pour les créatures qui y vivent depuis des millions d’années. »

Le Baron la regarde avec ce qui semble presque être de la pitié.

« Le sentimentalisme est un luxe que l’évolution ne peut se permettre, jeune fille. Les espèces inefficaces disparaissent. C’est la loi naturelle. »

« Mais ce n’est pas à vous de décider quelles espèces sont ‘inefficaces’, » argumente Tom. « Chaque créature joue un rôle dans l’écosystème. »

Un éclair d’irritation traverse le visage du Baron.

« Assez de philosophie. J’ai été patient, mais ma patience a des limites. »

Il claque des doigts, et deux hommes-machines émergent de son véhicule.

« Saisissez les garçons, » ordonne-t-il. « La fille peut partir si elle le souhaite. »

Avant que les serviteurs mécaniques ne puissent avancer, un cri perçant déchire l’air. Touki revient, mais il n’est pas seul. Derrière lui vole une créature étrange : un amphibien volant préhistorique, ressemblant à un ptérodactyle primitif mais avec des caractéristiques uniques adaptées à l’environnement marécageux.

La créature attaque les hommes-machines, créant une diversion inattendue.

« Courez ! » crie Tom à ses amis, saisissant l’opportunité.

Ils s’élancent dans le brouillard, suivant Touki qui semble connaître un chemin sûr à travers le dédale marécageux.

Derrière eux, la voix du Baron résonne :

« Vous ne pouvez pas fuir éternellement ! Ce marais sera bientôt cartographié dans ses moindres recoins par mes drones ! »

Touki les guide à travers un passage particulièrement dense de végétation, révélant un tunnel naturel formé par des racines entrelacées. Ils s’y engouffrent, émergeant quelques minutes plus tard dans une clairière étonnamment sèche au cœur du marais.

Au centre se dresse un arbre ancien d’une espèce inconnue, dont le tronc massif est partiellement creux. Et dans cette cavité naturelle brille le troisième Fragment d’Équilibre.

« Nous l’avons trouvé ! » s’exclame Étienne, soulagé.

Alors que Tom s’approche pour saisir le Fragment, une voix douce et ancienne s’élève, semblant provenir de l’arbre lui-même :

« Attends, jeune porteur. »

Les enfants se figent, surpris. Une lueur verte émane de l’arbre, prenant lentement la forme d’une silhouette féminine composée de feuilles et de lumière : une dryade, un esprit de la nature.

« Je suis la Gardienne de ce Fragment, » explique-t-elle. « Et avant de te le confier, tu dois comprendre une vérité. »

Tom s’incline respectueusement.

« Je vous écoute, Gardienne. »

La dryade étend une main lumineuse vers le nord, et le brouillard se dissipe momentanément, révélant au loin une structure étrange : une serre de verre et de métal qui scintille au milieu de la désolation industrielle du territoire du Baron.

« Ce que tu cherches n’est pas seulement dans les Fragments, » dit-elle. « Le cœur du Baron n’est pas entièrement corrompu. Au centre de son empire se trouve la dernière chose qu’il chérit véritablement. »

Tom se souvient des paroles de l’Ancienne lors du Conseil : « Au cœur de sa forteresse se trouve une serre où il garde la dernière plante qu’il a aimée en tant qu’Émile. »

« La serre, » murmure-t-il. « Que contient-elle exactement ? »

La dryade sourit tristement.

« Une fleur rare, dernière de son espèce. Le Baron l’a sauvée d’un monde mourant – votre monde – avant de venir ici. C’est son trésor le plus précieux, le dernier lien avec son humanité. »

Cette révélation frappe Tom comme une vague. Le Baron a sauvé une plante en voie d’extinction ? Cet homme qui détruit des écosystèmes entiers se soucie encore d’une fleur unique ?

« Comment cela peut-il nous aider ? » demande Élisa, perplexe.

« Le quatrième Fragment ne peut être obtenu par la force ou la ruse, » explique la dryade. « Il se trouve dans l’Observatoire Stellaire, au sommet de la plus haute montagne, gardé par le Baron lui-même. Pour l’atteindre, vous devrez passer par sa forteresse. »

Elle touche doucement l’arbre, et le troisième Fragment glisse de son écrin naturel, flottant jusqu’à Tom.

« Ce Fragment représente l’Adaptation, la capacité de la vie à trouver des solutions face à l’adversité. Utilise cette sagesse pour atteindre le cœur du Baron. »

Tom prend délicatement le Fragment. Lorsqu’il le rapproche des deux autres, ils commencent à s’attirer mutuellement, formant une configuration triangulaire.

« Ils veulent se réunir, » observe-t-il.

« Oui, » confirme la dryade. « Une fois les quatre réunis, le Cristal de Résonance sera complet. Il pourra alors percer le voile de fumée qui obscurcit l’esprit du Baron. »

Un bruit de machines se rapproche, rompant la tranquillité de la clairière.

« Il arrive, » prévient Étienne, anxieux.

La dryade touche le sol, et une ouverture apparaît entre les racines de l’arbre.

« Ce passage vous mènera en sécurité à la lisière du marais. De là, vous devrez vous rendre à la forteresse du Baron. »

« Mais comment y entrer sans se faire capturer ? » demande Élisa.

La dryade sourit mystérieusement.

« Le Fragment d’Adaptation vous montrera le chemin, si vous savez écouter sa sagesse. »

Elle commence à se dissiper, retournant à l’arbre.

« Une dernière chose, Tom, » dit-elle alors que sa forme devient de plus en plus transparente. « N’oublie pas que parfois, la confrontation directe n’est pas la solution. Le Baron ne sera pas vaincu par la force, mais par le rappel de ce qu’il a oublié. »

Sur ces paroles énigmatiques, elle disparaît complètement, et l’arbre reprend son apparence normale.

Sans perdre de temps, les enfants et Touki s’engouffrent dans le passage souterrain, juste au moment où la machine amphibie du Baron pénètre dans la clairière.

Le tunnel est humide et étroit, mais étrangement lumineux grâce à des champignons bioluminescents qui poussent sur les parois. Ils avancent rapidement, guidés par un courant d’air frais qui indique la sortie.

« Que voulait dire la dryade par ‘écouter la sagesse du Fragment’ ? » se demande Étienne à voix haute.

Tom examine le nouveau Fragment, qui représente l’Adaptation. Une idée commence à germer dans son esprit.

« Je crois comprendre, » dit-il lentement. « Jusqu’à présent, nous avons essayé d’éviter le Baron ou de le combattre directement. Mais peut-être que l’adaptation signifie trouver une nouvelle approche… »

« Comme quoi ? » demande Élisa.

« Comme… » Tom hésite, puis sourit, une lueur d’excitation dans les yeux. « Comme nous faire capturer volontairement. »

Ses amis le regardent comme s’il avait perdu l’esprit.

« C’est de la folie ! » proteste Étienne.

« Écoutez, » explique Tom, « le Baron veut les Fragments, n’est-ce pas ? Si nous nous rendons avec les Fragments, il nous emmènera directement dans sa forteresse, probablement près de sa précieuse serre. »

« Et une fois à l’intérieur ? » demande Élisa, sceptique.

« Les Fragments nous guideront, » répond Tom avec une assurance qu’il ne ressent pas entièrement. « Et nous aurons Touki pour nous aider. »

Comme pour confirmer son rôle, le toucan émet un cri déterminé.

Ils débattent du plan tout en continuant leur progression dans le tunnel. Finalement, ils émergent à la lisière du marais, exactement comme la dryade l’avait promis.

Au loin, ils peuvent voir la silhouette imposante de la forteresse du Baron, une structure métallique hérissée de cheminées crachant de la fumée noire. Et, effectivement, au centre se trouve une structure en verre qui capte la lumière du soleil couchant : la mystérieuse serre.

« C’est vraiment ce que nous allons faire ? » demande Étienne, incertain. « Nous rendre au Baron ? »

Tom regarde les trois Fragments dans ses mains, sentant leur puissance combinée. Il pense à tout ce qu’ils ont appris depuis leur arrivée dans la Terre des Âges : l’importance de l’équilibre, la force de l’adaptation, et surtout, le fait que même le Baron possède encore une étincelle d’humanité.

« Oui, » dit-il avec détermination. « Mais ce n’est pas une reddition. C’est une adaptation. »

Il range soigneusement les Fragments dans sa poche intérieure.

« La dryade a dit que le Baron ne sera pas vaincu par la force, mais par le rappel de ce qu’il a oublié. Je crois que nous devons lui rappeler qu’il était Émile avant d’être le Baron Fumée. »

Élisa et Étienne échangent un regard, puis acquiescent lentement.

« Nous te faisons confiance, Tom, » dit Élisa, Touki émettant un doux roucoulement comme pour approuver.

Ils contemplent la forteresse au loin, sachant qu’ils vont délibérément entrer dans l’antre de leur adversaire. Mais cette fois, ils ne s’y rendent pas en fuyant ou en combattant, mais en adaptant leur stratégie.

« Allons-y, » dit Tom, faisant le premier pas vers la structure métallique qui se découpe contre le ciel rougeoyant du crépuscule. « Il est temps de rencontrer le véritable Émile. »

Comme ils approchent de la zone industrielle qui entoure la forteresse, ils ne se cachent plus. Bientôt, un drone de surveillance les repère, tournoyant au-dessus d’eux avant de s’éloigner rapidement, sans doute pour alerter son maître.

« Pas de retour en arrière maintenant, » murmure Étienne, nerveux mais résolu.

Une escouade d’hommes-machines arrive peu après, les encerclant avec une efficacité mécanique.

« Le Baron Fumée requiert votre présence, » annonce leur chef d’une voix métallique dépourvue d’émotion.

Tom fait un pas en avant, étrangement calme.

« Nous acceptons son invitation, » dit-il simplement.

Les serviteurs du Baron semblent momentanément déconcertés par cette reddition volontaire, mais se reprennent rapidement. Sans brutalité mais avec fermeté, ils escortent les enfants vers le cœur de l’empire de fumée et d’acier.

Tom jette un dernier regard vers le ciel où le soleil disparaît à l’horizon, se demandant si leur audacieux plan les mènera à la victoire ou à leur perte.

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L’aventure continue !

This cover has a high graphic quality and a strong atmosphere but lacks the cheerful aesthetic needed for young children's books.

Identifiant de l’histoire : 35