— ⭐ —

Le jour du tournoi arriva, lumineux et chaud. Le stade des insectes était une clairière parfaitement plate, entourée de pétales de fleurs formant des gradins colorés. Des centaines d’insectes s’y étaient rassemblés : des coccinelles, des papillons, des fourmis, et même quelques libellules qui survolaient la scène pour avoir la meilleure vue.

Baptiste et les Scarabées Brillants attendaient nerveusement dans leur vestiaire improvisé, une coquille de noix creuse décorée aux couleurs de l’équipe – vert émeraude et or.

« J’ai peur, » avoua Baptiste à Franck, qui ajustait son maillot de gardien de but remplaçant. « Et si je rate toutes mes passes ? Si je fais perdre l’équipe ? »

Franck posa une main sur l’épaule de son ami. « Baptizte, tu as progrezsé ! Nous avons tous progrezsé ! »

Le Capitaine Mandibule rassembla son équipe pour un dernier discours d’encouragement. « Scarabées Brillants, » commença-t-il, « aujourd’hui, nous affrontons les Hésitations Bourdonnantes. Ils sont forts, c’est vrai. Mais nous avons quelque chose qu’ils n’ont pas. »

« Quoi donc ? » demanda timidement Minix.

« Nous avons appris que rater n’est pas la fin du monde, » répondit le Capitaine en regardant Baptiste avec reconnaissance. « Grâce à nos amis humains, nous savons maintenant que l’important n’est pas de ne jamais tomber, mais de toujours se relever. »

Baptiste sentit une bouffée de fierté. Même s’il n’était pas sûr de pouvoir aider l’équipe à gagner, il les avait déjà aidés à retrouver un peu de leur courage.

Un papillon messager vint les prévenir qu’il était temps d’entrer sur le terrain. L’équipe sortit de la coquille de noix sous les acclamations des spectateurs. De l’autre côté du terrain, les Hésitations Bourdonnantes faisaient leur entrée, menés par Dame Hésita elle-même, plus imposante que jamais dans sa tenue de capitaine.

Baptiste remarqua que Maître Formix était assis dans les gradins, entouré de centaines de fourmis venues soutenir les Scarabées Brillants. La sage fourmi lui fit un signe d’encouragement.

Les deux équipes se placèrent sur le terrain. Baptiste, portant un maillot vert émeraude trop grand pour lui, était positionné comme milieu de terrain. Franck était sur le banc de touche, prêt à entrer en jeu si nécessaire.

Le coup d’envoi fut donné par une luciole qui lança le ballon en l’air avant de s’envoler rapidement. Immédiatement, un bourdon massif s’empara du ballon et fonça vers les buts des Scarabées.

« Défense ! » cria le Capitaine Mandibule.

Fortix, le défenseur, hésita une seconde – juste assez pour que le bourdon le dépasse. Le tir fut puissant, mais le Capitaine réussit à dévier le ballon de justesse.

« Bien joué, Capitaine ! » encouragea Baptiste.

Le match continua, intense. Les Bourdonnements étaient rapides et coordonnés, tandis que les Scarabées luttaient contre leur tendance à hésiter. Baptiste courait autant qu’il pouvait, essayant de se rendre utile malgré sa maladresse.

Après dix minutes de jeu, le score était toujours de 0-0, mais les Scarabées commençaient à fatiguer. C’est alors que Dame Hésita utilisa sa tactique spéciale : elle vola au-dessus du terrain en répandant sa poudre d’hésitation.

« Ne la laissez pas entrer dans vos têtes ! » cria Baptiste en se protégeant le visage.

Mais l’effet fut immédiat. Rapido, qui s’élançait vers le but adverse avec le ballon, s’arrêta soudain, paralysé par le doute. Un bourdon en profita pour lui voler le ballon et marquer le premier but du match.

« 1-0 pour les Hésitations Bourdonnantes ! » annonça le grillon commentateur.

Les Scarabées Brillants retournèrent à leurs positions, la tête basse. Baptiste pouvait sentir leur découragement, et le sien aussi. La poudre de Dame Hésita semblait plus puissante que jamais.

C’est alors qu’un cri retentit depuis les gradins : « Baptizte ! L’amulette ! »

C’était Franck qui, depuis le banc de touche, lui rappelait le cadeau de Maître Formix. Baptiste sortit l’amulette en forme de fourmi de sous son maillot et la serra fort dans sa main. Une chaleur réconfortante se répandit dans tout son corps.

« Scarabées ! » appela-t-il ses coéquipiers. « Venez toucher l’amulette ! »

Un par un, les scarabées vinrent poser une patte sur le petit talisman. À chaque contact, leurs élytres semblaient retrouver un peu de leur éclat.

« Maintenant, jouons sans peur ! » encouragea Baptiste.

Le match reprit. Cette fois, les Scarabées jouaient différemment. Ils rataient encore des passes, manquaient des occasions, mais au lieu de s’arrêter et de douter, ils continuaient à courir, à essayer.

Dame Hésita, voyant que sa poudre perdait de son effet, devint de plus en plus agitée. Elle volait frénétiquement au-dessus du terrain, répandant encore plus de poudre violette.

À la mi-temps, le score était toujours de 1-0 pour les Bourdonnements. Les Scarabées, bien qu’ils n’aient pas marqué, avaient retrouvé leur combativité.

« Nous pouvons encore gagner, » dit le Capitaine Mandibule. « Continuez comme ça ! »

C’est alors qu’un papillon messager arriva en voletant précipitamment. « Mauvaise nouvelle, » annonça-t-il. « Dame Hésita a découvert votre secret. Elle a envoyé ses bourdons capturer Maître Formix ! »

Baptiste regarda vers les gradins et constata avec effroi que la place où était assis la sage fourmi était maintenant vide.

« Sans Maître Formix et sa sagesse, nous sommes perdus, » murmura Ailé, découragé.

Baptiste sentit le doute l’envahir à nouveau. Comment pourraient-ils gagner maintenant ?

Mais Franck se leva soudain du banc de touche. « Non ! Maître Formix nous a déjà donné sa sagesse ! Elle est dans nos cœurs maintenant ! »

Baptiste regarda son ami, puis l’amulette dans sa main. « Franck a raison. Maître Formix nous a appris que l’échec fait partie du chemin vers la réussite. Continuons à jouer, pour lui ! »

Les Scarabées Brillants retournèrent sur le terrain avec une détermination renouvelée. Mais le match s’annonçait encore plus difficile : Dame Hésita, furieuse de voir que son influence diminuait, avait décidé de jouer elle-même, remplaçant un de ses bourdons.

Le sifflet retentit pour la seconde mi-temps, et le combat reprit, plus intense que jamais.

— ⭐ —