• Enfant-héros : Léo
  • Âge : 15 ans
  • Personnalité : timide, créatif, sensible, rêveur, têtu, triste
  • Passions : Léo adore le dessin et la photographie. Il passe beaucoup de temps à créer des œuvres d’art et à capturer des moments avec son appareil photo. Il aime aussi écouter de la musique et jouer de la guitare.
  • Autres personnages : Sa mère (Marie), son père (Pierre), sa petite sœur (Anïs), son meilleur ami (Tom) et sa chatte (Luna).
  • Thème : Relations
  • Problématique : Intimidation et moqueries
  • Détails : Léo traverse une période très difficile à l’école. Ses notes ont chuté et il semble avoir perdu tout intérêt pour ses études. Il passe de plus en plus de temps seul dans sa chambre et évite de parler de ce qui le préoccupe. J’ai découvert récemment qu’il est victime de harcèlement scolaire. Il reçoit des messages méchants sur les réseaux sociaux et se fait souvent exclure par ses camarades de classe. Cette situation le rend très anxieux et déprimé. J’ai essayé de lui parler, mais il se referme sur lui-même et refuse de demander de l’aide. J’ai peur que cela n’affecte gravement sa santé mentale et son avenir. J’aimerais trouver un moyen de l’aider à surmonter cette épreuve, à retrouver confiance en lui et à se sentir soutenu.
  • Style d’histoire : Fantasy
  • Identifiant de l’histoire : 38

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Le lendemain était un samedi, ce qui laissa à Léo toute la journée pour explorer ses nouveaux pouvoirs sous la tutelle de Luna. La gardienne était une enseignante exigeante mais patiente, lui montrant comment canaliser ses émotions à travers son art pour créer des effets tangibles.

« L’essence de ton pouvoir réside dans l’authenticité, » expliqua Luna alors que Léo pratiquait en dessinant différents symboles de protection. « Plus ton émotion est sincère, plus ton art sera puissant. »

Vers la fin de l’après-midi, Léo avait appris à créer plusieurs types de symboles lumineux — certains pour la protection, d’autres pour révéler ce qui était caché, d’autres encore pour renforcer sa propre confiance.

« C’est suffisant pour aujourd’hui, » déclara finalement Luna, voyant la fatigue dans les gestes de Léo. « Utiliser ton don consomme ton énergie. Tu dois apprendre à ménager tes forces. »

Léo s’affala sur son lit, épuisé mais satisfait. Son carnet était maintenant rempli de symboles lumineux, certains brillant faiblement, d’autres émettant une lueur intense.

« Je me demande si Tom me croirait si je lui racontais tout ça, » dit-il distraitement.

Luna, qui léchait délicatement sa patte, s’arrêta et le regarda attentivement. « Tu envisages de partager ton secret ? »

« Tom est mon meilleur ami depuis toujours. Si je ne peux pas lui faire confiance, à qui puis-je faire confiance ? »

« La confiance est précieuse, » acquiesça Luna. « Mais partager la connaissance de Lumigraph comporte des risques. »

« Quel genre de risques ? »

« Plus de personnes connaissent l’existence des mondes parallèles, plus les frontières s’affaiblissent. Cela pourrait donner plus de pouvoir au Moqueur. »

Léo fronça les sourcils. « Mais tu as dit toi-même que je n’étais pas seul dans ce combat. Comment puis-je ne pas être seul si je ne peux partager mon secret avec personne ? »

Luna sembla réfléchir. « Tu marques un point. Et il est vrai que certains alliés pourraient renforcer ta position. Tom semble avoir une âme sincère. S’il est vraiment digne de confiance, sa présence pourrait être un atout. »

Léo sourit, déjà en train d’imaginer la réaction de Tom. « Je vais l’appeler. On pourrait se retrouver au parc demain. »

« Assure-toi que personne d’autre ne vous entende, » avertit Luna. « Et emmène le carnet. S’il ne te croit pas, tu pourras lui montrer. »

Le dimanche après-midi, Léo retrouva Tom au parc municipal, un endroit tranquille avec suffisamment de recoins isolés pour pouvoir parler en privé. Luna avait insisté pour les accompagner, se glissant discrètement dans le sac à dos de Léo.

Tom était déjà assis sur un banc à l’ombre d’un grand chêne, jouant distraitement avec son téléphone. Son visage s’illumina en voyant Léo approcher.

« Hey, mec ! » l’accueillit-il avec un grand sourire. « Ça fait un bail qu’on n’a pas traîné ensemble le weekend. »

Léo s’assit à côté de lui, soudain nerveux. Comment annoncer à son ami qu’il pouvait créer des portails vers des mondes parallèles et qu’il était pourchassé par une entité d’ombre ?

« Tout va bien ? » demanda Tom, remarquant son hésitation. « T’as l’air bizarre. »

« Je dois te montrer quelque chose, » dit finalement Léo. « Mais tu dois me promettre de garder ça pour toi. C’est… c’est complètement dingue, mais je te jure que c’est vrai. »

Tom le regarda avec curiosité. « Ok, je promets. De quoi s’agit-il ? »

Léo ouvrit son sac à dos, permettant à Luna de sortir la tête. « Tout d’abord, je te présente Luna. Enfin, tu la connais déjà, mais pas vraiment. »

Tom regarda la chatte avec perplexité. « Tu as amené ton chat au parc ? »

« Elle n’est pas juste un chat, » répondit Léo. Puis, se tournant vers Luna : « Tu peux lui parler ? »

Luna fixa Tom de ses yeux verts perçants. Le garçon roux sursauta soudainement.

« Qu’est-ce que c’était ? » s’exclama-t-il, portant une main à sa tête. « J’ai eu l’impression que… qu’une voix parlait dans ma tête ! »

« C’est Luna, » confirma Léo. « Elle est une Gardienne des mondes parallèles. Et apparemment, je suis un Luminographe — quelqu’un qui peut créer des ponts entre les réalités à travers l’art. »

Tom le dévisagea, oscillant visiblement entre l’incrédulité et la fascination. « Tu te moques de moi, c’est ça ? »

« J’aimerais bien, » soupira Léo. « Mais c’est la vérité. Et il y a plus. »

Léo sortit son carnet bleu et l’ouvrit à la page du dessin forestier. La forêt semblait encore plus terne qu’auparavant, l’obscurité ayant gagné presque la moitié de l’image.

« Ce dessin est un portail vers un monde appelé Lumigraph. Et cette obscurité… c’est l’œuvre du Moqueur, une entité qui se nourrit de peur et de honte. »

Tom observa le dessin, bouche bée. « C’est… c’est comme s’il bougeait. »

« Parce qu’il bouge réellement, » dit Léo. « Regarde. »

Il posa sa main sur le dessin, se concentrant comme Luna le lui avait appris. La sensation de picotement devenue familière parcourut ses doigts, et le dessin commença à luire doucement.

« Whoa ! » s’exclama Tom, reculant légèrement. « Comment tu fais ça ? »

Léo retira sa main. « C’est compliqué à expliquer. Mais je peux te montrer, si tu veux. Je peux t’emmener là-bas. »

Tom hésita, son regard passant de Léo à Luna, puis au carnet lumineux. « Tu es sérieux ? On peut vraiment… aller dans un autre monde ? »

« C’est dangereux, » avertit Léo. « Le Moqueur est après moi, et ses serviteurs, les Ombres Chuchotantes, sont partout dans les zones qu’il contrôle. »

« Les quoi ? »

« Des créatures d’ombre qui chuchotent des insultes, des doutes, des peurs. Luna dit qu’elles peuvent influencer notre monde aussi, en amplifiant les comportements négatifs chez certaines personnes. »

Une lueur de compréhension passa dans les yeux de Tom. « Comme Lucas et sa bande ? Ceux qui te harcèlent ? »

Léo acquiesça lentement. « Peut-être. Je ne sais pas à quel point ils sont influencés, mais Le Moqueur semble se nourrir particulièrement de ma peur, de mon humiliation. »

Tom serra les poings. « Ces enfoirés. J’aurais dû faire plus pour t’aider. »

« Tu as toujours été là pour moi, » dit Léo, reconnaissant. « Mais cette fois, c’est différent. Ce n’est pas seulement une question de se défendre contre des brutes. C’est quelque chose de plus grand. »

« Raison de plus pour que je t’aide, » affirma Tom avec détermination. « Si ce Moqueur est réel, et s’il est en partie responsable de ce que tu traverses, alors je veux l’affronter avec toi. »

Luna, qui était restée silencieuse, intervint dans leurs esprits : « Ta loyauté est admirable, Tom. Mais comprends que ce voyage n’est pas sans risque. Une fois dans Lumigraph, vous serez vulnérables aux Ombres. »

« Je ne laisserai pas Léo y aller seul, » répondit Tom fermement.

Un sentiment de gratitude envahit Léo. Malgré toutes ses découvertes extraordinaires, c’était peut-être ça le plus précieux — savoir qu’il avait un ami prêt à le suivre même dans l’inconnu.

« Alors c’est décidé, » dit Léo. « Mais pas ici. On a besoin d’un endroit plus isolé. »

Ils trouvèrent un coin reculé du parc, derrière un bosquet dense. Léo étala le carnet sur le sol entre eux, Luna perchée sur son épaule.

« Comment ça marche exactement ? » demanda Tom, nerveux mais excité.

« On doit toucher le dessin ensemble, » expliqua Léo. « Concentre-toi sur l’image, imagine-toi y entrer. Je ferai le reste. »

Tom hocha la tête et posa sa main à côté de celle de Léo sur le dessin. Léo ferma les yeux, visualisant la forêt de Lumigraph, sentant l’énergie familière monter en lui.

La lumière jaillit du carnet, enveloppant leurs mains, puis leurs bras, puis leurs corps entiers. Tom laissa échapper une exclamation de surprise qui se perdit dans le tourbillon lumineux.

Quand la lumière s’estompa, ils se tenaient tous les trois — Léo, Tom et Luna — au début du sentier forestier, exactement comme lors de la première visite de Léo.

« Incroyable, » murmura Tom, tournant sur lui-même pour absorber chaque détail. Les arbres majestueux, les fleurs luminescentes, le ruisseau scintillant — tout était là, quoique légèrement plus terne que dans le souvenir de Léo.

« C’est encore plus beau que ton dessin, » dit Tom avec émerveillement. « Je peux sentir l’air, entendre l’eau… C’est réel. »

« Aussi réel que ton monde, » confirma Luna, qui pouvait désormais parler directement, sa voix résonnant clairement dans l’air. « Mais nous devons être prudents. Les Zones Grises se sont étendues depuis la dernière visite de Léo. »

En effet, la frontière entre la partie lumineuse de la forêt et la section plus sombre semblait s’être rapprochée. Au loin, on pouvait voir une brume grisâtre qui s’infiltrait entre les arbres.

« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » demanda Tom.

« On va vers la clairière, » décida Léo. « C’est un lieu sûr, selon Luna. De là, nous pourrons mieux comprendre ce qui se passe. »

Ils avancèrent le long du sentier, Luna en tête. Tom ne cessait de s’émerveiller devant chaque nouvelle découverte — les créatures semblables à des libellules avec leurs ailes de verre, les lueurs bleues dansant au-dessus du ruisseau.

« Cet endroit est incroyable, » répétait-il. « Et dire que tu as créé tout ça avec ton dessin. »

« Pas exactement, » corrigea Luna. « Léo n’a pas créé Lumigraph. Il a créé une porte vers ce monde, et son imagination a façonné l’apparence de cette région spécifique. Mais Lumigraph existait bien avant lui. »

« Alors d’autres personnes peuvent venir ici aussi ? » demanda Tom.

« D’autres Luminographes, oui. Ils sont rares, mais ils existent à travers l’histoire. Chacun crée sa propre région de Lumigraph, reflétant son imagination et sa personnalité. »

Léo s’arrêta soudain, fixant quelque chose sur le côté du sentier. « Qu’est-ce que c’est ? »

Un petit amas de brume grise tourbillonnait lentement autour d’une fleur qui, contrairement aux autres, avait perdu toute luminescence. Ses pétales étaient gris et flétris.

« Une Ombre naissante, » expliqua Luna avec inquiétude. « Elles commencent petites, s’attachant à un élément vivant de Lumigraph et drainant sa lumière. Puis elles grandissent, se multiplient et finissent par former les Ombres Chuchotantes que tu as rencontrées. »

« On peut l’arrêter ? » demanda Léo.

« Tu peux essayer. Utilise l’un des symboles que tu as appris. »

Léo sortit un petit carnet de croquis de sa poche — un carnet ordinaire qu’il avait emporté pour pratiquer. Il dessina rapidement le symbole de protection qu’il avait maîtrisé la veille — un cercle avec des rayons et des runes stylisées.

À sa grande satisfaction, le dessin s’illumina immédiatement, beaucoup plus intensément que lors de ses exercices dans sa chambre. Il tendit le dessin vers la brume grise, qui commença à se dissiper avec un sifflement léger.

La fleur frémit, et lentement, ses couleurs commencèrent à revenir — d’abord un pâle violet, puis un indigo plus profond, jusqu’à retrouver sa luminescence naturelle.

« Tu l’as fait ! » s’exclama Tom, impressionné.

Léo regardait ses mains, puis la fleur régénérée, avec étonnement. « C’était… beaucoup plus facile que je ne le pensais. »

« Ton pouvoir est amplifié ici, » expliqua Luna. « Dans Lumigraph, ton don de Luminographe atteint son plein potentiel. »

Regonflé par ce petit succès, Léo continua d’avancer vers la clairière, Tom et Luna à ses côtés. Il se sentait plus confiant, plus fort. Pour la première fois depuis longtemps, il avait l’impression d’avoir un certain contrôle sur sa vie.

Mais alors qu’ils approchaient de la clairière, un murmure sinistre s’éleva derrière eux — le même chuchotement multiple que Léo avait entendu lors de sa première visite.

« Les Ombres nous ont repérés, » avertit Luna, son pelage se hérissant. « Nous devons nous dépêcher. »

Ils accélérèrent le pas, mais le murmure se rapprochait inexorablement. Léo jeta un coup d’œil par-dessus son épaule et vit avec horreur plusieurs silhouettes d’ombre glisser entre les arbres, convergeant vers eux.

« Elles sont trop nombreuses, » haleta Luna. « Nous ne pourrons pas toutes les repousser. »

« Qu’est-ce qu’on fait ? » demanda Tom, dont la bravoure initiale commençait à céder à la peur.

Léo s’arrêta brusquement, une idée lui traversant l’esprit. « Si je peux en purifier une, pourquoi pas plusieurs ? Si mon pouvoir est amplifié ici, peut-être que je peux créer quelque chose de plus grand ? »

Sans attendre la réponse de Luna, il sortit son carnet et commença à dessiner frénétiquement — non pas un simple symbole cette fois, mais une scène entière. Ses mains volaient sur le papier, traçant les contours d’un soleil éclatant dont les rayons transperçaient les nuages.

Comme il achevait son dessin, les premières Ombres Chuchotantes émergeaient des arbres, leurs formes indistinctes ondulant comme de la fumée vivante, leurs murmures cruels s’intensifiant.

« Regardez qui voilà… Le petit artiste et son ami… »

« Ils pensent pouvoir nous arrêter… »

« Quand vas-tu comprendre que tu n’es rien… »

Tom recula, portant ses mains à ses oreilles. « C’est comme si elles savaient exactement quoi dire pour faire mal… »

« C’est leur pouvoir, » confirma Léo, terminant son dessin avec des gestes désespérés. « Elles trouvent nos insécurités. »

Le dessin commença à luire, d’abord faiblement, puis avec une intensité croissante. Léo le tendit devant lui comme un bouclier.

« Je ne vous crois pas ! » cria-t-il aux Ombres. « Vos mots n’ont de pouvoir que si je les accepte ! »

Une vague de lumière dorée jaillit du dessin, se répandant comme une onde de choc à travers la forêt. Les Ombres Chuchotantes émirent des cris stridents, reculant devant la lumière qui semblait les brûler.

Tom regardait la scène, bouche bée. « C’est… c’est incroyable ! »

La lumière continuait de s’étendre, purifiant tout sur son passage. Les fleurs fanées retrouvaient leurs couleurs, les arbres ternes brillaient à nouveau. Les Ombres les plus petites se dissipaient complètement, tandis que les plus grandes battaient en retraite vers les zones plus sombres de la forêt.

Quand la vague de lumière s’estompa finalement, Léo chancela, épuisé par l’effort. Tom le rattrapa avant qu’il ne tombe.

« Tu l’as fait, » dit Luna avec respect. « Tu as purifié une zone entière d’un seul coup. »

« Je ne savais pas que je pouvais faire ça, » murmura Léo, haletant.

« Moi non plus, » admit Luna. « Ton pouvoir est plus grand que je ne le pensais. »

Ils atteignirent finalement la clairière — un espace circulaire parfait au centre duquel se dressait le kiosque de pierre blanche que Léo avait aperçu dans son dessin modifié. La lumière y était pure et claire, créant une atmosphère paisible qui contrastait fortement avec l’obscurité croissante des bois environnants.

« Bienvenue au Sanctuaire, » annonça Luna en s’avançant vers le kiosque. « L’un des derniers lieux parfaitement protégés de Lumigraph. »

À l’intérieur du kiosque, un bassin d’eau cristalline reflétait le ciel au-dessus d’eux — un ciel que Léo n’avait pas remarqué auparavant, rempli d’étoiles malgré la luminosité environnante.

« C’est l’Étang des Reflets, » expliqua Luna. « Il permet de voir au-delà des apparences, de percevoir la vérité sous les illusions. »

Léo et Tom s’approchèrent du bassin. À leur grand étonnement, au lieu de refléter leurs visages, l’eau montrait des images de personnes et de lieux de leur monde.

« C’est mon père, » s’exclama Léo en reconnaissant Pierre, assis dans le salon de leur maison, l’air soucieux. À côté de lui, Marie feuilletait ce qui ressemblait à un album photo ancien.

« Et là, c’est ma mère, » dit Tom, pointant une autre image où une femme aux cheveux roux préparait le dîner dans une cuisine.

« L’Étang montre ceux qui sont liés à vous par des liens émotionnels forts, » expliqua Luna. « Il peut aussi révéler des vérités cachées. »

Soudain, l’eau ondula et une nouvelle image apparut — celle de Lucas, le principal tourmenteur de Léo. Mais il n’avait pas l’air menaçant ou cruel. Il était seul dans sa chambre, recroquevillé sur son lit, des larmes silencieuses coulant sur ses joues.

« Qu’est-ce que… ? » murmura Léo, déconcerté.

« Chaque tyran cache ses propres blessures, » dit doucement Luna. « Ce n’est pas une excuse pour ses actions, mais une explication. Le Moqueur se nourrit autant de sa douleur que de la tienne. »

L’eau ondula à nouveau, montrant cette fois Le Moqueur lui-même, dans sa cape de ténèbres tourbillonnantes et son masque blanc. Il se tenait devant ce qui semblait être un miroir déformant, observant avec satisfaction les reflets multiples qui montraient des scènes de moquerie, de harcèlement, de souffrance.

« La Salle des Miroirs, » murmura Luna avec appréhension. « Son siège de pouvoir dans Lumigraph. C’est là qu’il concentre toute la douleur qu’il récolte, l’amplifiant et la renvoyant dans les deux mondes. »

« Comment peut-on l’arrêter ? » demanda Tom.

L’image se brouilla avant que Luna ne puisse répondre. L’eau de l’Étang s’agita violemment, comme si une tempête invisible la frappait.

« Il nous a sentis, » dit Luna avec urgence. « Il sait que nous l’observons. Nous devons partir, maintenant ! »

Léo ferma les yeux, se concentrant pour ouvrir le portail de retour, mais une voix froide et moqueuse résonna soudain dans toute la clairière.

« Trop tard, petit créateur. Tu as amené un ami cette fois ? Comme c’est touchant… et comme c’est imprudent. »

Le Moqueur se matérialisa à l’entrée de la clairière, ses yeux rouges brillant derrière son masque blanc. Derrière lui, une armée d’Ombres Chuchotantes s’amassait, leurs murmures formant une cacophonie insupportable.

« Cours ! » cria Luna à Léo et Tom. « Retournez au point d’entrée ! C’est votre seule chance ! »

Léo hésita, ne voulant pas abandonner Luna, mais la gardienne bondit vers Le Moqueur, son pelage s’illuminant d’une lueur dorée intense.

« Allez-y ! » ordonna-t-elle. « Je vous rejoindrai ! »

Léo attrapa le bras de Tom et l’entraîna dans la direction opposée, contournant la clairière pour atteindre un sentier secondaire. Derrière eux, des bruits de combat résonnaient — sifflements d’ombre, craquements de lumière, un rugissement félin qui ne ressemblait en rien aux miaulements habituels de Luna.

Ils coururent à perdre haleine, poursuivis par quelques Ombres Chuchotantes qui s’étaient détachées du groupe principal. Les insultes et les moqueries pleuvaient, plus cruelles et personnelles à chaque pas.

« Abandonne ton ami, Léo… Sauve ta peau comme le lâche que tu es… »

« Tom ne t’a jamais vraiment apprécié… Il te trouve pathétique… »

« Ferme-la ! » hurla Tom par-dessus son épaule. « Tu ne sais rien de notre amitié ! »

Ils atteignirent finalement l’endroit où ils étaient arrivés. Léo sortit son carnet, les mains tremblantes, et commença à dessiner frénétiquement un portail de retour.

« Dépêche-toi, » pressa Tom, les yeux fixés sur les Ombres qui se rapprochaient. « Elles arrivent ! »

Le dessin s’illumina juste au moment où les premières Ombres les atteignaient. Une lumière aveuglante les enveloppa, et ils se sentirent tirés à travers l’espace.

Quand la lumière s’estompa, ils étaient de retour dans le parc, exactement où ils s’étaient assis. Le soleil commençait à se coucher, teintant le ciel de rouge et d’orange.

« On a réussi, » haleta Tom, tombant à genoux sur l’herbe. « C’était… c’était dingue. »

Léo regardait autour d’eux frénétiquement. « Luna ? Luna, où es-tu ? »

Mais la chatte noire n’était nulle part en vue.

« Elle a dit qu’elle nous rejoindrait, » rappela Tom, se relevant avec difficulté. « Elle va bien, j’en suis sûr. »

Léo hocha la tête, voulant croire son ami, mais un sentiment de culpabilité l’envahissait. Avait-il abandonné Luna face au danger ?

« Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? » demanda Tom après un moment de silence.

Léo regarda son carnet, puis son ami. Malgré la peur et le danger, il se sentait étrangement plus fort qu’avant. Avoir partagé son secret avec Tom, avoir affronté les Ombres ensemble, lui donnait une nouvelle perspective.

« On se prépare, » dit-il avec une détermination nouvelle. « Le Moqueur devient plus fort, et il ne se limite pas à Lumigraph. On doit trouver un moyen de l’arrêter, avant qu’il ne fasse plus de dégâts dans les deux mondes. »

Tom posa une main sur son épaule. « On le fera ensemble. Je ne te laisserai pas affronter ça tout seul. »

Comme ils quittaient le parc dans la lumière déclinante, Léo ne pouvait s’empêcher de scruter les ombres, cherchant un signe de Luna. Mais la gardienne restait invisible, et un sentiment d’inquiétude persistait dans son cœur.

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L’aventure continue !

In Mamie Aurore's art studio, an elegant shadow figure with a blue crystal crown looms. A dark-skinned boy with curly black hair and adventurous smile stands nearby. Title 'Emilie' and subtitle 'My Story Show' in vibrant frost palette. Cel-shaded magical silhouettes.

Identifiant de l’histoire : 38